en rĂ©ponse Ă George SandQuand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage Voulez-vous quâun instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments dâun cour Que pour vous adorer forma le vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je nâose dire. Avec soin, de mes vers lisez les premiers mots Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. Bien Ă vous, Eric JarrigeonAlfred de MussetSous le mĂȘme principe que la lettre codĂ©e, le texte en gris est la rĂ©ponse dâAlfred de Musset !
ï»ż16 Septembre 2019 , RĂ©digĂ© par Daniel Confland PubliĂ© dans gens connus, textes, pensĂ©es poĂ©tiques, mesaphorismes-lesvĂŽtres La correspondance Ă©rotique dĂ©guisĂ©e entre le poĂšte des PremiĂšres PoĂ©sies et l'auteure de la Mare au Diable Il existe une controverse sur la vĂ©racitĂ© de l'attribution du premier texte ci-dessous Ă Aurore Dupin, alias George Sand. La lettre aurait Ă©tĂ© Ă©crite vers 1835. Selon les sceptiques, la prose en cause serait le rĂ©sultat d'un canular Ă une date plus tardive. Je vous invite Ă lire d'abord la lettre en entier. Ensuite, procĂ©dez Ă une seconde lecture en en sautant les lignes paires. Le rĂ©sultat est, disons,...Ă©difiant ! Le second texte est en revanche une lettre authentique d'Alfred de Musset Ă George Sand. Les deux amants usaient de l'acrostiche dans leur correspondance, un procĂ©dĂ© qui consiste Ă prendre le premier mot de chaque vers d'un poĂšme ou de chaque ligne d'un texte et d'entreprendre une lecture verticale pour dĂ©couvrir une phrase cachĂ©e. Je vous invite Ă utiliser la technique sur cette lettre le rĂ©sultat vous surprendra. La rĂ©ponse lapidaire, et tout aussi codĂ©e, de George Sand se passe de commentaires. Comme quoi, Humour et Amour peuvent faire bon mĂ©nage, y compris en littĂ©rature ! Daniel Confland Mots-clefs George Sand, Alfred de Musset, correspondance amoureuse, lettre, amour, amants, littĂ©rature, Ă©rotisme, acrostiche. °°° Portrait d'Alfred de Musset 1810-1857 par Charles Landelle, MusĂ©e d'Orsay, WikipĂ©dia CC. Portrait de George Sand 1804-1876 par Auguste Charpentier, MusĂ©e de la Vie Romantique, WikipĂ©dia CC. °°° La lettre Ă©rotique de Sand Ă Musset authentique ou inventĂ©e de toutes piĂšces ? Je suis trĂšs Ă©mue de vous dire que jâai bien compris lâautre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit lĂ une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă vous montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dĂ©voiler sans artifice mon Ăąme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir lâaffection la plus profonde comme la plus Ă©troite amitiĂ©, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rĂȘver, puisque votre Ăąme est libre. Pensez que la solitude oĂč jâha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant jâai lâĂąme grosse. Accourez donc vite et venez me la faire oublier par lâamour oĂč je veux me mettre. Votre poupĂ©e °°° Les acrostiches de Musset et Sand les jeux de pistes amoureux Lettre de Musset Ă Sand Quand je jure Ă vos pieds un Ă©ternel hommage Voulez-vous qu'inconscient je change de langage Vous avez su captiver les sentiments d'un coeur Que pour adorer forma le CrĂ©ateur. Je vous aime et ma plume en dĂ©lire. Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin, de mes lignes, lisez les premiers mots Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. La rĂ©ponse de George Sand Cette insigne faveur que votre coeur rĂ©clame Nuit Ă ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă mon Ăąme. °°° Parmi les sources - - Gabiani, le roman Ă©rotique d'Alfred de Musset °°° Pour recevoir des alertes par mĂ©l sur les nouveaux articles parus, abonnez-vous, en utilisant le bouton en haut de l'Ă©cran, pour les smartphones, et la fenĂȘtre "newsletter" pour la version PC. Overblog est une plate-forme sĂ©curisĂ©e. °°° Partager cet article Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous
Alfredde Musset Ă George Sand, 1er septembre 1834. "Ah, George, quel amour ! jamais homme n'a aimĂ© comme je t'aime. Je suis perdu, vois-tu, je suis noyĂ©, inondĂ© d'amour ; je ne sais plus si je vis, si je mange, si je marche, si je respire, si je parle ; je sais que j'aime, je meurs d'amour, d'un amour sans fin, sans nom, insensĂ©, dĂ©sespĂ©rĂ©, perdu, tu es aimĂ©e, adorĂ©e, Actif Inscription Jul 2007 Messages 1532 Localisation Planete Terre.. 4em arrondissement.. 2em tour a gauche. voici une lettre que George Sand a envoyĂ©e a Alfred de Musset je suis trĂšs Ă©mue de vous dire que j'ai bien compris l'autre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit lĂ une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. je suis prĂȘte Ă montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dĂ©voiler sans artifice mon Ăąme toute nue, venez me faire une visite. nous causerons en amis, franchement. je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir l'affection la plus profonde comme la plus Ă©troite en amitiĂ©, en un mot la meilleur preuve que vous puissiez rĂȘver, puisque votre Ăąme est libre. pensez que la solitude ou j'ha- bite est trĂšs longue, bien dure et souvent difficile. ainsi, en y songeant j'ai l'Ăąme grosse. accourez donc vite et venez me la faire oublier par l'amour ou je veux me mettre. Musset s'empressa de rĂ©pondre quand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage, voulez vous qu'un instant je change de visage ? vous avez capturĂ© les sentiments d'un cĆur que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire couche sur le papier ce que je n'ose dire. avec soin de mes vers lisez les premiers mots vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux Romantique n'est ce pas? Maintenant relis la lettre de Sand une ligne sur deux...et les premiers mots de chaque ligne de celle de Musset tout ceci est authentique, comme quoi ils se marraient bien au XIX Ăšme siĂšcle!! ConfirmĂ© Inscription Apr 2007 Messages 683 Localisation Dans un cĂ©notaphe Pourquoi se parlent-ils avec des messages codĂ©s? En rĂ©alitĂ©, le niveau de cryptage est bas ce qui montre que mĂȘme si on interceptait 'par satellitetong' leurs lettres, on va pas les comprendre. ça peut rĂ©vĂ©ler que cette technique etait une ingeniositĂ© au top de l'intelligence, c'est facile de s'apercevoir qu'en sautant une ligne, le message devient une connerie. J'ai pensĂ© une fois Ă une technique rĂ©cente de communication discrete, eh bien, qqn ecrit un message avec des fautes d'orthographes, les lettres qui manquent constitueront un message plus ingenieux. Comment Actif Inscription Jul 2007 Messages 1532 Localisation Planete Terre.. 4em arrondissement.. 2em tour a gauche. we je peux imaginer a quel point on se prenais pour des genies de cryptages rien que pcq on peut ecrire des msg codes com celui la! mais loin de toute critiques de la technique.. je trouve que c tres bien ecrit, et tre drole mm. pour ta techniq de cryptage.. elle sera pas difficile de a dechifrer sauf que la run in hole stucks there. and it is what hey ultra v un truc de fou vient de marriver. jetais en train decrire ce poste et voila que 3inaya ghfet pr un instant, je rentre deja dans un cycle de someil, je commence mm a rever, le plus marrant c que jai continu a ecrire.. je sais mm pas combien de temps je suis rester dans cet etat.. mais c la 1ere fois que ca marrive! aya bnsoiree nnes lkol jen peut pli bye Comment Actif Inscription Oct 2005 Messages 1916 Localisation Lyon;Tunis .... hi!!! bons les gars je trouve que le poĂ©me est trĂ©s jolie mais je pense pas que le codage sois rĂ©ellement eux qu'ils l'ont fais!!!vous etes bien sures que c'est voulu?!! EN TOUT CAS G BIEN RIGOLĂ©e!!!tong ps si c faux les pauvres ils doivent se retournĂ©s ds leurs tombes!!! Comment Nouveau Inscription Oct 2007 Messages 40 Localisation Garges les Gonesse Ah l'humeur grivois de nos amiEs gaulois me fera toujours aussi dĂ©lirer! Comment FidĂšle Inscription Aug 2007 Messages 5137 Localisation Bonheurland Si, c'est vĂ©ridique, on a appris ces lettres quand j'Ă©tais au collĂšge avec le prof de français ! Comment Actif Inscription Oct 2007 Messages 1256 Localisation Tunis EnvoyĂ© par Douce Voir le message Si, c'est vĂ©ridique, on a appris ces lettres quand j'Ă©tais au collĂšge avec le prof de français ! eh bien oui les deux lettres appartenaient bel et bien aux deux poĂštes citĂ©s ,connus par leurs folles amours Ils n'avaient pas seulement ces deux lettres "Ă©rotiques Ă leur actif" beaucoup d'autres lettres sont listĂ©es je continue avec la reponse de G sand Ă la question de Musset "quand voulez vous que je couche avec vous? Cette insigne faveur que votre coeur rĂ©clame Nuit Ă ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă mon Ăąme. littĂ©rairement votre! Comment Actif Inscription Nov 2006 Messages 2298 Localisation chebba ya 3omri Comment Nouveau Inscription Oct 2007 Messages 27 bon c particulier mĂ© d'ab c toi qui l'a Ă©crit ou tu la trouver qque part??? ÙŰÙ ÙÙÙ ŰŁŰčŰČÙۧ ۧÙÙÙ ŰšŰ§Ùۄ۳ÙŰ§Ù Ű ÙŰ„Ù Ű§ŰšŰȘŰșÙÙۧ ۧÙŰčŰČŰ© ŰšŰșÙ۱ ۧÙۄ۳ÙŰ§Ù ŰŁŰ°ÙÙۧ ۧÙÙÙ Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime [quote=Aphrodite;323485]bon c particulier mĂ© d'ab c toi qui l'a Ă©crit ou tu la trouver qque part??? Moi?.......Mais non aphrodite voyons c georges sand a alfred musset Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime UNE AUTRE POUR LES AMATEURSTRICES QUAND je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage, VOULEZ-vous qu'un instant je change de visage ? VOUS avez capturĂ© les sentiments d'un coeur QUE pour vous adorer forma le crĂ©ateur. JE vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire COUCHE sur le papier ce que je n'ose dire. AVEC soin de mes vers lisez les premiers mots VOUS saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. Alfred de Musset CETTE insigne faveur que votre coeur rĂ©clame NUIT Ă ma renommĂ©e et rĂ©pugne Ă mon Ăąme. George Sand seconde lecture lire uniquement les premiers mots de chaque vers Comment ConfirmĂ© Inscription Aug 2007 Messages 964 quand on passe du spirituel au physique c vraiment choquant mais c bo qd mĂȘmetong Comment FidĂšle Inscription Feb 2006 Messages 2549 Localisation Lille et Tunis Chouette des GROS MOTS Laule en meme temps pas etonnant venant de Sand une femme assez "virile" Chopin s'est bien laissĂ© faire Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime EnvoyĂ© par elmouldi Voir le message Laule en meme temps pas etonnant venant de Sand une femme assez "virile" Chopin s'est bien laissĂ© faire Si Elmouldi, de musset n'a fait qu'investir un terrain fertile abandonnĂ© par ses occupants, en effet chopin Ă©tait malade tuberculose pulmonaire qui l'emporta quelques annĂ©es plus tard, et bien avant, n'avait d'autres desseins que de se faire materner par sand, dont il est loin d'etre le monsieur qui allais temperer les ardeurs de la "virile" jeune fille, il faut prĂ©ciser qu'il avait eu une certaine aversion pour cette fille au tout dĂ©but de leurs premiĂšres rencontre en 1836, confidence qu'il avouat a son ami Hiller, ce fut son contemporain qui s'acquittat de la tĂąche, et par consĂ©quent, frĂ©derique françois chopin ne s'est pas laissĂ© faire mais bel et bien laisser faire. P/S le contenu de la lettre si haut postĂ©e a Ă©tĂ© adressĂ© en premier a chopin, ce dernier se dĂ©sista, elle fĂ»t rééxpĂ©diĂ©e vers musset. Comment Utilisateur exclu Inscription Sep 2007 Messages 364 Localisation charente maritime EnvoyĂ© par lagazania Voir le message quand on passe du spirituel au physique c vraiment choquant mais c bo qd mĂȘmetong ben je ne vois pas ou est le cotĂ© spirituel que tu semble dĂ©celer dans le texte, pas vrai el mouldi? A moins que t'a fais une autre lecture que j'ignore les secrets , genre de bas en haut et de droite a gauche............tong CommentLettrede George Sand Ă Alfred de Musset. TĂ©moignage cocasse et coquin de sa brĂšve aventure amoureuse avec lâĂ©crivain entre 1833 et 1834. Lettres chiffrĂ©es. Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que jâai. bien compris lâautre jour que vous aviez. toujours une envie folle de me faire. danser. Je garde le souvenir de votre . baiser et je voudrais bien que ce soit. une
Chere Ă©lĂšve de 4Ăš, voici la vidĂ©o de lecture de la lettre de George Sand Ă Alfred de Musset. Regarde-la puis remplis le formulaire en cliquant sur ce lien. [youtube] Navigation des articlesLettrede George Sand Ă Alfred de Musset (1835) Lettre de Paul ValĂ©ry Ă Jean Voilier. Lettre dâHenry Miller Ă AnaĂŻs Nin: Lettre de John Keats Ă Fanny Brawne: Lettre de kiki de Montparnasse Ă man Ray: Lettre de Maria Callas Ă son Ă©poux: Lettre dâAlain Delon Ă Romy Schneider: Lettre de Zelda Fitzgerald Ă elle-mĂȘme : Lettre de Colette Ă Missy: Lettres de
Jâai dĂ©couvert George Sand Ă lâĂąge de 8 ans, jâavais gagnĂ© un prix de rĂ©daction en classe de CE2 et le gain fut La Petite Fadette ». Je tombai alors amoureuse de la littĂ©rature française. Je fis alors une section littĂ©raire au lycĂ©e et en appris davantage sur Amantine Aurore Lucile Dupin⊠Cette Ă©crivaine me fascinait autant le personnage privĂ© que la personnalitĂ© publique. Cette femme Ă©tait un lettre suivante fut adressĂ©e Ă Alfred de Musset⊠soit or not canular?Peu importe, les deux romanciers se sont frĂ©quentĂ©s pendant 2 ans, une relation aussi intense que tumultueuse, pourquoi leur correspondance ne serait pas toute aussi salace? đ En apparence il sâagit dâune simple lettre dâamour. Pourtant, si vous lisez seulement une ligne sur deux, vous dĂ©couvrez un texte cachĂ©, a ne pas mettre entre toutes les mains. đ Je suis trĂšs Ă©mue de vous dire que jâaibien compris lâautre soir que vous avieztoujours une envie folle de me fairedanser. Je garde le souvenir de votrebaiser et je voudrais bien que ce soitlĂ une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©epar vous. Je suis prĂȘte Ă vous montrer monaffection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussivous dĂ©voiler sans artifice mon Ăąmetoute nue, venez me faire une causerons en amis, vous prouverai que je suis la femmesincĂšre, capable de vous offrir lâaffectionla plus profonde comme la plus Ă©troiteen amitiĂ©, en un mot la meilleure preuvedont vous puissiez rĂȘver, puisque votreĂąme est libre. Pensez que la solitude oĂč jâha- bite est bien longue, bien dure et souventdifficile. Ainsi en y songeant jâai lâĂąmegrosse. Accourrez donc vite et venez me lafaire oublier par lâamour oĂč je veux memettre. .La rĂ©ponse dâAlfred de Musset Lire le premier mot de chaque ligneQuand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommageVoulez-vous quâun instant je change de visage ?Vous avez capturĂ© les sentiments dâun courQue pour vous adorer forma le vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lireCouche sur le papier ce que je nâose soin, de mes vers lisez les premiers motsVous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. Et la rĂ©ponse de George Sand Lire le premier mot de chaque ligneCette insigne faveur que votre cour rĂ©clameNuit Ă ma renommĂ©e et rĂ©pugne mon Ăąme. Je sais bien que les gens dâaujourdâhui nâĂ©crivent plus, mais oseriez-vous en faire de mĂȘme?Tropsouvent rĂ©duit Ă sa rĂ©putation d'Ă©crivain sentimental et Ă sa liaison avec George Sand, Musset est notre contemporain : parce qu'il
Notesde Delhasse sur la correspondance de George Sand. â Articles sur George Sand et Alfred de Musset. â Articles sur sa correspondance, ses romans, ses mĂ©moires et sa mort (au nombre de 34). â Adresse de la main de George Sand au citoyen ThorĂ© . Index. index. Contenu Pdf. Il vous est possible de tĂ©lĂ©charger le(s) document(s) associĂ©(s) Ă ce composant. Obtenir
27 Janvier 2013 George Sand Ă Alfred de Musset Venise 15 avril et 17 avril 1834 JâĂ©tais au dĂ©sespoir. Enfin jâai reçu ta lettre de GenĂšve. Oh que je tâen remercie mon enfant ! Quâelle est bonne et quâelle mâa fait du bien ! Est-ce vrai que tu nâes pas malade, que tu es fort, que tu ne souffres pas ? Je crains toujours que par affection, tu ne mâexagĂšres cette bonne santĂ©. Oh que Dieu te la donne et te la conserve, mon cher petit ! Cela est aussi nĂ©cessaire Ă ma vie dĂ©sormais, que ton amitiĂ©. Sans lâune ou lâautre, je ne puis pas espĂ©rer un seul beau jour moi. Ne crois pas, ne crois pas, Alfred, que je puisse ĂȘtre heureuse avec lâidĂ©e dâavoir perdu ton cĆur. Que je tâaie inspirĂ© de lâamour ou de lâamitiĂ©, que jâai Ă©tĂ© heureuse ou malheureuse avec toi, tout cela ne change rien Ă lâĂ©tat de mon Ăąme Ă prĂ©sent. Je sais que je tâaime et câest tout. [âŠ] Je ne me souviens plus de rien, sinon que nous aurons Ă©tĂ© bien malheureux et que nous nous aimerons toute la vie avec le cĆur, avec lâintelligence, que nous tĂącherons par une affection sainte de nous guĂ©rir mutuellement du mal que nous avons souffert lâun pour lâautre, hĂ©las non ! ce nâĂ©tait pas notre faute, nous suivions notre destinĂ©e, et nos caractĂšres plus Ăąpres, plus violents que ceux des autres, nous empĂȘchaient dâaccepter la vie des amants ordinaires. Mais nous sommes nĂ©s pour nous connaĂźtre et pour nous aimer, sois-en sĂ»r.[...] Nous avons Ă©tĂ© amants, et nous nous connaissons jusqu'au fond de l'Ăąme, tant mieux. Quelle dĂ©couverte avons nous faite mutuellement qui puisse nous dĂ©goĂ»ter l'un de l'autre? Oh malheur Ă nous si nous nous Ă©tions sĂ©parĂ©s dans un jour de colĂšre, sans nous comprendre, sans nous expliquer! C'est alors qu'une pensĂ©e odieuse eĂ»t empoisonnĂ©e notre vie entiĂšre, c'est alors que nous n'aurions jamais cru Ă rien. Mais aurions-nous pu nous sĂ©parer ainsi? Ne l'avons-nous pas tentĂ© mlusieurs fois, nos coeurs enflammĂ©s d'orgueil et de ressentiment ne se brisaient -ils pas de douleur et de regret chaque fois que nous nous trouvions seuls?[...] Adieu, adieu, mon cher petit enfant. Ecris-moi bien souvent je t'en supplie. Oh que je voudrais te savoir arrivĂ© Ă Paris et bien portant! Souviens-toi que tu m'as promis de te soigner. Adieu, mon Alfred, aime to, GEORGE. Tags LittĂ©rature4Alfred de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, « PremiĂšre lettre », dans Ćuvres complĂštes en prose; 5 Dans la revue, cette lettre porte le nË VII ; elle devient la Lettre X dans le recueil publiĂ© chez ; 2 Il convient assurĂ©ment de revenir aux textes de Musset et Sand pour y percevoir aussi, Ă rebours de cette transparence rĂ©fĂ©rentielle trompeuse, moins une puissanceOuvrir la recherche Menu AUTEURS SUGGĂRĂS Hugo, Victor Hugo, Victor-Marie Ateliers Hugo dâAlĂ©si Hugo, François-Victor Hugo, Abel Hugo, Charles Hugo de Sancto Victore HUGO DE SANCTO VICTORE Hugo, Joseph documents SUGGĂRĂS MusĂ©e Victor Hugo Paris Hugo de Sancto Victore Almanach de Victor Hugo par Louis ChĂąteau Victor Hugo Ă Gentilly Die VorlaĂŒfer des Hugo Grotius auf dem Gebiete Victor Hugo aprĂšs 1830 Victor Hugo intime Hugo de Sancto Caro MĂ©moires du gĂ©nĂ©ral Hugo, gouverneur Pape, Victor Hugo et lâEglise Advanced search Type of document Books Manuscripts Maps Images Press and magazines Sound recordings Music scores Objects Video Theme Arts, leisure, sports Law, economy History Languages Literatures Philosophy Religion Sciences Geographical areas France Africa America Asia Europe Oceania Other regions of the world Type of document Books Manuscripts Maps Images Press and magazines Sound recordings Music scores Objects Video Theme Arts, leisure, sports Law, economy History Languages Literatures Philosophy Religion Sciences Geographical areas France Africa America Asia Europe Oceania Other regions of the world SYNTHESIS ABOUT CAPTIONS AND CONTENTS DISCOVER Histoire d'un merle blanc : autobiographie, dĂ©rision, théùtralitĂ© », Les Amis de George Sand, 2010, n. 32, pp. 121-141 Lettre envoyĂ©e par Aurore Dupin romanciĂšre francaise du XIXe siĂšcle, dite George SAND son nom de plume Ă Alfred de MUSSET Ă©crivain francais. Cette lettre est authentique. A vous de dĂ©couvrir lâĂ©rotisme cachĂ©. Je suis trĂšs Ă©mue de vous dire que jâai bien compris lâautre soir que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit lĂ une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă vous montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir aussi vous dĂ©voiler sans artifice mon Ăąme toute nue, venez me faire une visite. Nous causerons en amis, franchement. Je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir lâaffection la plus profonde comme la plus Ă©troite amitiĂ©, en un mot la meilleure preuve que vous puissiez rĂȘver, puisque votre Ăąme est libre. Pensez que la solitude oĂč jâha- bite est bien longue, bien dure et souvent difficile. Ainsi en y songeant jâai lâĂąme grosse. Accourez donc vite et venez me la faire oublier par lâamour oĂč je veux me mettre. NB Relisez-la en sautant les lignes paires George Sand 1835 âââââââââ Alfred de Musset Ă Georges Sand Quand je vous jure, hĂ©las! un Ă©ternel hommage Voulez-vous quâun instant je change de langage ? Vous seule possĂ©dez mon esprit et mon cĆur. Que ne puis-je pas avec vous goĂ»ter le vrai bonheur ! Je vous aime, ma belle, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je nâose dire Avec soin, de mes vers, lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. La rĂ©ponse de Georges Sand Cette grande faveur que votre ardeur rĂ©clame Nuit peut-ĂȘtre Ă lâhonneur, mais rĂ©pond Ă ma flamme⊠Enfantterrible du romantisme, Alfred de Musset (1810-1857) fut considĂ©rĂ© de son vivant comme un mĂ©tĂ©ore qui n'avait jamais donnĂ© la pleine mesure de son talent. On ne voulait voir en lui qu'un auteur de comĂ©dies charmantes, de contes lĂ©gers et de poĂšmes lyriques. La Confession d'un enfant du siĂšcle fut publiĂ©e dans une sorte d'indiffĂ©rence : il ne chercha jamais Ă dissiper ces
Sujet La lettre de George Sand Ă Alfred de Mus jenotevosposts MP 05 janvier 2014 Ă 030314 George Sand et Alfred de Musset... ? Ils Ă©taient homos ? Abruticus MP 05 janvier 2014 Ă 030510 Notre George aura mĂȘme fait perdurer son troll quelques deux siĂšcles plus tard, bien jouĂ© Amantine Crocodou MP 05 janvier 2014 Ă 030617 jenotevosposts Voir le profil de jenotevosposts PostĂ© le 5 janvier 2014 Ă 030314 Avertir un administrateur George Sand et Alfred de Musset... ? Ils Ă©taient homos ? euh... Victime de harcĂšlement en ligne comment rĂ©agir ?
Traductionde « Lettre de George Sand Ă Alfred de Musset » par CĂ©line Dion, français â chinois Deutsch English Español Français Hungarian Italiano Nederlands Polski PortuguĂȘs (Brasil) RomĂąnÄ Svenska TĂŒrkçe ÎλληΜÎčÎșÎŹ ĐŃлгаŃŃĐșĐž Đ ŃŃŃĐșĐžĐč ĐĄŃĐżŃĐșĐž ۧÙŰč۱ۚÙŰ© ÙŰ§Ű±ŰłÛ æ„æŹèȘ íê”ìŽ
Françoise Genevray Texte intĂ©gral 1 Publiques au lieu de publiĂ©es pour celles IV, V, VI, IX qui ne sont pas simplement des lettres co ... 2 Ă la diffĂ©rence des trois premiĂšres lettres, que Sand destine dâemblĂ©e Ă la Revue des Deux Mondes b ... 1Lettres fictives, vraies lettres publiĂ©es, lettres publiques1, lettres ouvertes ? Les Lettres dâun voyageur, en mĂȘlant ces dispositifs, se dĂ©robent aux appellations exclusives. Parler dâĂ©pĂźtre aidera du moins, selon la tradition purement profane venue dâHorace et relayĂ©e par Boileau, Ă clairement distinguer de lettres ordinaires correspondance celles que George Sand destine dâemblĂ©e Ă la publication ou quâelle retravaille dans cette optique le recueil illustre ces deux cas. Nous traiterons en prioritĂ© des numĂ©ros IV, V et IX, dont la texture intĂšgre des fragments de lettres envoyĂ©es Ă Jules NĂ©raud et Ă François Rollinat2. La perte de tous les avant-textes manuscrits, Ă©preuves interdit de mener une Ă©tude gĂ©nĂ©tique fondĂ©e sur la comparaison entre les missives initiales et les versions retravaillĂ©es. Le dosage de lâauthentique et du fictionnel nous Ă©chappe donc nĂ©cessairement, et nâaurait dâailleurs pas dâincidence sur le propos qui va suivre. Celui-ci consiste Ă examiner un dispositif dâĂ©nonciation singulier, qui sâapparente Ă lâĂ©pistolaire sans pour autant sây enfermer. 3 B. Diaz, LâĂpistolaire ou la PensĂ©e nomade, Paris, 2002, PUF Ăcriture. 4 Ibid., p. 90. 2Si lâĂ©tiquette gĂ©nĂ©rique semble incertaine, nâest-ce pas dâabord en vertu de catĂ©gories quâil faut dĂ©cloisonner pour tenir compte de lâhistoire des normes et des pratiques ? Brigitte Diaz montre fort bien que lâĂ©pistolaire nâa rien dâun genre verrouillĂ©, fermĂ© sur lui-mĂȘme3. Son ouverture lui permet au contraire, surtout depuis le XVIIIe siĂšcle, dâinvestir des genres, des sous-genres et des types de discours fiction, philosophie, Ă©changes savants, expression politique auxquels il prĂȘte son dehors, ses ressources, ou simplement son concours Ă titre de forme insĂ©rĂ©e dans une autre. Cette porositĂ© des genres » se manifeste en particulier quand ils se subordonnent Ă un propos qui les traverse â lâĂ©criture de soi en lâoccurrence, registre assez diffus pour que sâopĂšrent des dĂ©placements de lâun Ă lâautre des supports investis lettre, Ă©pĂźtre, journal intime, album, carnets, autobiographie. Si lâon admet Ă titre gĂ©nĂ©ral que dans lâimmense territoire des Ă©critures personnelles les limites ne sont pas nettes » et que la lettre, singuliĂšrement, les franchit volontiers »4, la remarque vaut tout spĂ©cialement quand des voisinages formels et chronologiques favorisent contacts et transferts ainsi en vat-il de 1834 Ă 1836 lorsque Sand rĂ©dige les Lettres dâun voyageur et son Journal intime tout en restant une Ă©pistoliĂšre assidue. La mĂȘme observation mĂ©rite dâĂȘtre poussĂ©e plus avant quand lâauteur transforme une lettre en Ă©pĂźtre pourquoi et comment publier lâĂ©criture privĂ©e ? Quelle dĂ©marche commande sa premiĂšre divulgation arrangĂ©e en revue, puis ses remaniements dans les deux Ă©ditions ultĂ©rieures 1837, 1843 ? 5 Ibid., p. 158. 6 Voir notre Ă©tude des diverses fonctions rhĂ©toriques, pragmatiques, psychologiques du destinataire ... 3Ăcrire Ă lâautre, câest aussi parler Ă soi-mĂȘme se tourner vers NĂ©raud ou vers Rollinat fournit bien au voyageur » sandien une occasion du mĂȘme ordre. La structure dialogique inhĂ©rente Ă lâĂ©pistolaire nâenraye aucunement cette logique de lâauto-destination »5, tacite ou dĂ©clarĂ©e, en vertu de laquelle une lettre sâĂ©crit souvent de soi Ă soi non moins quâĂ lâautre. Gardons-nous pourtant de durcir la thĂšse au dĂ©triment de cas dâespĂšce qui invitent Ă la nuancer. Quâautrui serve peu ou prou de prĂ©texte ne le rend pas moins nĂ©cessaire Ă qui se penche sur soi plume en main le caractĂšre adressĂ© des Lettres dâun voyageur ne relĂšve donc pas dâun pur artifice, dâun leurre formel plaquĂ© sur un texte autocentrĂ©6. Il nâen reste pas moins vrai que Sand parle surtout dâelle-mĂȘme dans ces lettres IV, V et IX oĂč sâenchevĂȘtrent rĂ©flexions, peinture de sentiments personnels et plaidoyer pro domo. La confidence virant souvent Ă lâautodĂ©fense incite Ă examiner dâabord les rapports de lâĂ©pĂźtre et de lâautobiographie, qui comporte chez Sand une dimension apologĂ©tique non nĂ©gligeable. ĂpĂźtre et autobiographie 4Le prĂ©ambule dâHistoire de ma vie raccorde expressĂ©ment les Lettres dâun voyageur Ă lâentreprise autobiographique 7 G. Sand 1970-1971, Ćuvres autobiographiques [dĂ©sormais abrĂ©gĂ© en OA., suivi du numĂ©ro de tome en ... Jâai pris la plume alors pour Ă©pancher quelque vive souffrance qui me dĂ©bordait, ou quelque violente anxiĂ©tĂ© qui sâagitait en moi. La plupart de ces fragments nâont jamais Ă©tĂ© publiĂ©s [âŠ]. Quelques-uns seulement ont pris une forme Ă demi confidentielle, Ă demi littĂ©raire, dans des lettres publiĂ©es Ă certains intervalles et datĂ©es de divers lieux. Elles ont Ă©tĂ© rĂ©unies sous le titre de Lettres dâun voyageur7. 5 Fragments » nâindique aucun genre ni support particulier le contexte suggĂšre des feuilles volantes, un carnet peut-ĂȘtre, voire un journal Ă©pisodique. Un passage plus tardif dâHistoire de ma vie V, 7 sâintĂ©resse tout spĂ©cialement aux numĂ©ros IV et V du recueil dĂ©finitif Je viens donc de relire les Lettres dâun voyageur de septembre 1834 et de janvier 1835, et jây retrouve le plan dâun ouvrage que je mâĂ©tais promis de continuer toute ma vie. Je regrette beaucoup de ne lâavoir pas fait. 8 Ibid., II, 298-300. Les dates indiquĂ©es par cet extrait sont exactement celles inscrites en tĂȘte de ... 9 Le 5 dĂ©cembre 1834, Sand cĂšde Ă Buloz la propriĂ©tĂ© de ses Ćuvres posthumes qui se composeront de ... 6Le plan visait Ă [âŠ] rendre compte des dispositions successives de mon esprit dâune façon naĂŻve et arrangĂ©e en mĂȘme temps »8. De ce commentaire, assez proche en substance de la prĂ©face Ă lâĂ©dition Perrotin 1843 sans doute relue par Sand pour lâoccasion, il ressort finalement que la prose du voyageur fut moins une amorce de lâautobiographie Ă venir quâune autofiction dĂ©libĂ©rĂ©e, un biais inventĂ© pour Ă©crire de soi sans trop en avoir lâair, sous le couvert dâun moi fantastique » substituĂ© au moi rĂ©el », mais tout aussi vrai que lui. Le plan » inabouti aurait donc coexistĂ© avec lâintention annoncĂ©e en 1834 de publier de vrais MĂ©moires, un rĂ©cit continu de sa vie rĂ©elle9. De lâautofiction Ă lâautobiographie sandiennes, plusieurs diffĂ©rences mĂ©ritent quâon les Ă©claire sur ce fond commun dâ Ă©gographie ». 10 Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil PoĂ©tique, 1975, p. 14. 11 OA., II, 739-740. 12 Ibid., 752. V. Alfieri, La Vie de Victor Alfieri Ă©crite par lui-mĂȘme et traduite de lâitalien par M ... 13 C., II, 591. 14 Voir lâĂ©tude signalĂ©e en note 6. 7Si lâautobiographie dĂ©roule le rĂ©cit rĂ©trospectif en prose quâune personne rĂ©elle fait de sa propre existence lorsquâelle met lâaccent sur sa vie individuelle, en particulier sur lâhistoire de sa personnalitĂ© »10, Sand pourrait aussi bien commencer la sienne dĂšs 1834 quand elle lance Ă NĂ©raud lettre IV Tu ne sais pas les Ă©vĂ©nements qui mâont amenĂ© Ă cet Ă©tat moral [âŠ] », ou encore Et pourtant il y aurait bien des choses Ă ma dĂ©charge si je pouvais raconter lâhistoire de mon cĆur »11. DĂšs lors, pourquoi ne pas raconter, car effectivement elle sâen abstient ? Le motif dâhumeur aussitĂŽt allĂ©guĂ© Mais ce serait si long, si pĂ©nible ! » en recouvre un autre, que la suite suggĂšre indirectement lorsquâelle Ă©voque la Vie de Victor Alfieri, par Victor Alfieri »12 cette lĂ©gĂšre altĂ©ration du titre vĂ©ritable exhibe le redoublement spĂ©culaire qui prĂ©side Ă lâĂ©criture de soi quand elle prend forme monologique. Sand fait un vibrant Ă©loge de lâouvrage, mais lâassortit dâune rĂ©serve juchĂ© sur sa tardive gloire de dramaturge, le bouillant Alfieri sâest calmĂ©, refroidi, et son rĂ©cit nâaide pas le lecteur Ă vivre. Sous la critique visant le possible modĂšle italien se profile lâidĂ©e du livre Ă faire par lâĂ©pistolier-voyageur pris sur le vif, palpitant comme un cĆur qui saigne, aussi immĂ©diat quâun cri, mais oĂč sonder les blessures nâaggraverait pas le mal. Condition impossible Ă tenir si lâauteur reste seule avec elle-mĂȘme Il mâest impossible de parler de moi dans un livre, dans la disposition oĂč je suis », Ă©crit-elle Ă Musset le 12 mai 183413. Il lui faut opĂ©rer une relative dĂ©prise, se dĂ©caler dâelle-mĂȘme et que je » cesse de coĂŻncider avec moi ». La semi-fiction du voyageur » rĂ©pond Ă un tel besoin, et y rĂ©pond assez bien pour que Sand continue de lâentretenir jusquâen 1836, soit deux ans aprĂšs le retour de Venise. Câest au mĂȘme besoin quâobĂ©it le dĂ©centrement qui sâopĂšre, ou du moins qui se cherche quand elle inscrit lâexpression personnelle dans le dialogue amical14. 15 M. Blanchot, Le Livre Ă venir, Paris, Gallimard Folio-Essai, 1975, p. 254. 8La narration rĂ©trospective est-elle Ă©cartĂ©e pour autant ? Les Lettres dâun voyageur ont une maniĂšre bien spĂ©ciale dâenvisager le passĂ©. Quand elles revisitent lâexpĂ©rience vĂ©cue, ce nâest pas pour la raconter, pour en faire une histoire » et suivre un tracĂ©. Quâil soit fictionnel ou biographique, tout rĂ©cit surimpose son ordre et ses contours aux brouillons informes de lâexpĂ©rience. On raconte ce que lâon ne peut rapporter »15 si ces Lettres⊠ne racontent guĂšre, câest quâelles prĂ©tendent rapporter les dispositions du moment. Peuvent-elles aussi les explorer sans perdre le tremblĂ© de la vie, le jaillissement de lâĂ©motion, la confusion des sentiments ? Double exigence Ă tenir consigner et analyser. Faute de surmonter cette tension Ă lâĂ©poque, Sand abandonne le plan » Ă©voquĂ© par Histoire de ma vie. Puisque le prĂ©sent reste insaisissable, le retour sur une histoire censĂ©e lâĂ©clairer perd sa raison dâĂȘtre lâautobiographie, dĂ©cidĂ©ment, attendra. 16 OA., II, 793. 17 Ibid., 741. 18 Ibid., 751. 19 Ibid., 669. 9Non que la mĂ©moire soit bannie des Lettres dâun voyageur, loin sâen faut. La premiĂšre sâattendrit sur le souvenir de Musset, comparĂ© Ă lâodeur persistante dâune sauge cueillie en chemin. Autre variation sur le mĂȘme objet dans la lettre VI, oĂč la petite sauge du Tyrol » Ă©voque les heures anciennes dâune solitude bĂ©nie. Mais, ajoute Sand, ce sont les seules de ma vie que je me rappelle avec dĂ©lices »16, car la rĂ©miniscence peut ĂȘtre aussi fĂącheuse que suave si elle Ă©veille trop de nostalgie. Quand lâauteur de la lettre IV remonte vers sa jeunesse Cela me rappelait nos courses au grand arbre, nos rĂ©coltes de champignons dans les prĂ©s, et la premiĂšre enfance de mon fils [âŠ] »17, il ne sâagit pas de rassembler des souvenirs pour les arracher Ă lâoubli, ni dâordonner la collecte dans une narration suivie. LâĂ©criture tend plutĂŽt Ă filtrer le passĂ© pour extraire des annĂ©es lointaines ce charme indĂ©finissable » qui, jetĂ© sur le prĂ©sent amer, lâadoucit car câest dans le prĂ©sent que gĂźt un obstacle semblable Ă une montagne Ă©croulĂ©e »18. Ainsi le souvenir nâa-t-il droit de citĂ© dans ces textes que sâil peut enchanter le moment de lâĂ©criture, lui apporter la consolation et la force, les rĂȘves du passĂ©, lâoubli du prĂ©sent »19. Les rĂȘves du passĂ© avant sa rĂ©alitĂ© il sâagit dâune mĂ©moire dĂ©cantĂ©e. 20 Ibid., 673-674. 10LâĂ©pĂźtre nâest donc pas le lieu de la remĂ©moration directe et frontale elle ouvre une durĂ©e spĂ©cifique oĂč lâĂ©vĂ©nement rĂ©volu se reconfigure selon les besoins actuels du scripteur. Une enquĂȘte autobiographique restaure le passĂ©, examine un itinĂ©raire et ses Ă©tapes, mesure le chemin parcouru. LâĂ©criture du voyageur Ćuvre en sens contraire, exauçant un vĆu dâoubli et de lĂ©gĂšretĂ©, oblitĂ©rant la continuitĂ© temporelle qui fait de lâhistoire individuelle un fardeau. La divagation tyrolienne » de la lettre I Je fermai les yeux au pied dâune roche, et mon esprit se mit Ă divaguer » dĂ©roule un rĂȘve Ă©veillĂ© oĂč sâabolit la durĂ©e, oĂč tout le passĂ© se rassemble en un point, se contracte et se condense en annulant les dĂ©comptes Les jours de ma vie passĂ©e sâeffacĂšrent et se confondirent en un seul »20. Le rĂ©cit de la matinĂ©e aux Couperies lettre IX rapporte une expĂ©rience inverse et nĂ©anmoins convergente. Cette fois le promeneur solitaire contemple et note en simultanĂ© ce qui sâoffre Ă lui. Au contact de la nature se dĂ©ploie la magie dâun temps vĂ©cu lentement, une heure aprĂšs lâautre, tandis que la vallĂ©e sâĂ©veille 21 Ibid., 874-879. Jâai quittĂ© ma chambre au jour naissant [âŠ]. Il doit ĂȘtre huit heures, le soleil est chaud, mais Ă lâombre lâair est encore froid [âŠ]. Le soleil est en plein sur ma tĂȘte ; je me suis oubliĂ© au bord de la riviĂšre [âŠ]21. 11Contempler nâabolit pas le temps comme dans la rĂȘverie du Tyrol », mais dĂ©leste lâesprit de son poids en le rĂ©inscrivant dans la matiĂšre, lâĂ©tendue, lâespace. LâĂ©crivain dĂ©couvre une plĂ©nitude gagnĂ©e sur lâoubli de soi, ou dâune partie de soi, le sujet sâabsorbant â je » absorbant moi » â dans le dehors qui lâentoure. ĂpĂźtre et journal intime 22 Ibid., 1448 ce paragraphe de la Revue des Deux Mondes disparaĂźtra dĂšs lâĂ©dition Bonnaire 1837. ... 23 B. Diaz, LâĂpistolaire ou la PensĂ©e nomade, p. 75 et 90. 24 Voir la lettre du 14 dĂ©cembre 1853 Ă Ăliza Tourangin, C., XII, 196. 25 OA., II, 740. Les lettres IV, V, IX comme VI et X se prĂ©sentent doublement fragmentĂ©es les sect ... 26 Ibid., 752. 12Lâexemple prĂ©cĂ©dent indique la voie des affinitĂ©s possibles entre lâĂ©pĂźtre amicale et le journal intime. Les deux pratiques se frĂŽlent spontanĂ©ment et paraissent mĂȘme chez Sand se relayer, comme si elles se substituaient lâune Ă lâautre. De plus, lâauteur des Lettres dâun voyageur imite dĂ©libĂ©rĂ©ment lâaspect du journal quand elle rĂ©vise ses textes pour les Ă©diter en volume. Dâun journal, lâĂ©pĂźtre emprunte souvent lâallure en Ă©grenant les jours IV, V, VI, les heures IX, les lieux X oĂč le voyageur prend la plume. Quâelle adopte aussi sa visĂ©e ressort du prĂ©ambule de la lettre IV oĂč Sand Ă©nonce son projet dâ Ă©crire ma vie jour par jour en mâĂ©panchant dans le sein de lâamitiĂ© ». LâexposĂ© du programme succĂšde en fait Ă la rĂ©daction, puisquâil figure dans un paratexte Ă©ditorial postĂ©rieur aux vraies lettres22. Mais cette mise au point nâinvalide pas le constat dâune Ă©troite parentĂ©, tant de forme que dâintention, entre Ă©pistolaire et journal23. LâaffinitĂ© qui les unit constitue pour Sand une sorte dâĂ©vidence, fondĂ©e sur le cĂŽtĂ© informel, sinon informe de deux sortes dâĂ©crits qui dispensent Ă ses yeux dâorganiser le propos24. Elle se marque plus dâune fois dans les Lettres dâun voyageur, par exemple au dĂ©but des segments, quand lâĂ©noncĂ© part du moment de la rĂ©daction, du moi actuel ou trĂšs rĂ©cent saisi dans un Ă©tat transitoire Avant-hier jâĂ©tais assez bien [âŠ] »25 ou parmi ses activitĂ©s Je lis immensĂ©ment depuis quelques jours »26. Mais Sand renforce encore la similitude lorsquâelle rĂ©vise ses textes. Plusieurs changements apportĂ©s au no IV accentuent et rĂ©gularisent la forme-journal lâĂ©dition Bonnaire 1837 aĂšre la version initiale en introduisant deux coupures temporelles, jeudi » variante 740 c et samedi » variante 747 d. Ces retouches en entraĂźnent une autre, qui remplace le jeudi soir » initial par vendredi soir » variante 744 g comme pour parfaire la sĂ©rie le dĂ©coupage devient alors presque quotidien. Quelle intention dicte ces amĂ©nagements ? Il sâagit de coordonner aprĂšs coup un ensemble initialement disparate, car lâĂ©pĂźtre IV rĂ©unit des morceaux envoyĂ©s Ă deux destinataires diffĂ©rents. Ayant Ă©crit Ă NĂ©raud le jeudi, lâauteur attend censĂ©ment vendredi pour se tourner vers Rollinat le suivi temporel permet dâestomper lâeffet de collage et de mieux unifier les piĂšces rapportĂ©es. AmorcĂ© en 1837 sur la lettre IV, ce formatage Ă lâimitation dâun journal se poursuit en 1843 Ă©dition Perrotin au no V, oĂč la variante 766 c ajoute un dimanche » qui subdivise le texte jusquâalors trĂšs compact en deux segments presque Ă©gaux â que leur maniĂšre dâinscrire la date rend nĂ©anmoins dissymĂ©triques la manipulation ne vise pas au systĂšme. 27 Imitation approximative du protocole Ă©pistolaire. 28 OA., II, 1447-1448 variante 735 b. Lâitalique est de Sand. 29 Ibid., 1454-1 456 variante 757 a. 13Dâautres retouches tendent plutĂŽt Ă raffermir lâancrage Ă©pistolaire. Câest ainsi que lâĂ©dition Bonnaire ajoute Ă Jules NĂ©raud » en tĂȘte du no IV et Ă François Rollinat » en tĂȘte du no V27. La lettre IV subit des amputations contribuant au mĂȘme rĂ©sultat. La version initiale Revue des Deux Mondes incluait deux passages symĂ©triques â un prĂ©ambule, un appendice final â qui justifiaient la publication par un souci dâentraide. Dans le premier, lâauteur disait vouloir secourir ses amis inconnus », ceux qui souffrent maintenant loin de nos regards les mĂȘmes maux dont je souffrais hier »28. Le deuxiĂšme rĂ©affirmait ce mobile charitable et lâĂ©tayait dâune page lyrique intitulĂ©e PriĂšre dâune matinĂ©e de printemps. Avril 1835 », tirĂ©e par Sand dâun album » pour illustrer sa guĂ©rison personnelle et pour clore lâĂ©pĂźtre sur un exemple encourageant29. LâĂ©dition de 1837 retranche ces deux morceaux. On se lâexplique assez bien par la conjoncture extra-littĂ©raire, autrement dit par le calendrier du procĂšs qui oppose lâĂ©crivain Ă Casimir Dudevant. Le 1er juin 1836, quand paraĂźt la lettre IV, le procĂšs nâest pas terminĂ©. Sand prend alors lâopinion Ă tĂ©moin et dresse deux lignes de dĂ©fense lâĂ©pĂźtre plaide pour sa personne, le prĂ©ambule et lâappendice final pour lâĂ©pĂźtre. Le litige une fois conclu par lâaccord du 29 juillet 1836, ces prĂ©cautions deviennent superflues et la version nouvelle supprime les plus voyantes. Ce changement retentit sur lâaspect gĂ©nĂ©ral de la lettre une fois dĂ©lestĂ©e de lâencombrant paratexte, sa forme devient plus homogĂšne Ă celle des premiers envois les trois lettres de Venise et lâunitĂ© du volume sâen trouve renforcĂ©e. Autre avantage le lecteur de la version nouvelle entre plus directement in medias litteras, dans le vif de lâĂ©change reliant lâauteur Ă ses amis. Imiter une lettre vĂ©ritable, ce nâest point tant inscrire au dĂ©but les date et lieu dâĂ©mission, car un journal intime ferait de mĂȘme. Mimer lâĂ©pistolaire authentique consiste surtout Ă gommer la place du lecteur non-destinataire, celui que visait le paratexte conçu pour la revue et plus tard supprimĂ©. 14Ainsi lâĂ©pĂźtre balance-t-elle entre deux modĂšles concurrents, la lettre et le journal. Loin de stabiliser les textes dans un genre dĂ©fini, leur rĂ©vision aiguise cette rivalitĂ© en consolidant simultanĂ©ment les deux protocoles dâĂ©criture. Mais une concurrence ne sâengage que sur un terrain commun ou frontalier lâĂ©criture de soi Ă©volue dans cet espace limitrophe oĂč la matiĂšre circule entre des formes voisines. Il suffira pour le vĂ©rifier de faire quelques pas de cĂŽtĂ© et dâaller observer le Journal intime. 30 Pour le dĂ©tail des copies lâautographe ayant disparu et des interprĂ©tations, voir lâIntroduction ... 31 Voir Diaz qui rĂ©capitule la discussion dans Sand et Musset Le Roman de Venise, Diaz ... 32 C., I, 175-261 lettres Ă©chelonnĂ©es du 11 octobre au 14 novembre 1825. 33 OA., I, 8. 34 Voir note 7. 15Ce titre, Ă vrai dire, fait problĂšme plusieurs ont vu dans le dit journal un recueil de lettres, justement⊠Son contenu et les circonstances incertaines de sa transmission obligent en effet Ă sâinterroger sur la destination initiale de cet Ă©crit. Paul de Musset lâenregistra sous la mention Copie de lettres de George Sand Ă Alfred de Mt en 1834 aprĂšs le voyage de Venise et la rupture »30. Mais Sand nâadresse pas directement ces pages au poĂšte, elle les lui fait parvenir en diffĂ©rĂ©, peu avant ou peu aprĂšs la date est discutĂ©e la rupture dĂ©finitive de mars 183531. Quoi quâil en soit, elle nâĂ©crit pas au poĂšte, mais sans doute pour lui, avec lâarriĂšre-pensĂ©e ou le vague espoir de lui montrer un jour ces feuillets. Qui plus est, elle les rĂ©dige en partie comme une lettre, quoique de maniĂšre discontinue lâĂ©nonciation oscille entre le pour moi » et le Ă toi » ou Ă vous ». Enfin la quotidiennetĂ©, ou le minimum de succession datĂ©e qui caractĂ©rise un journal fait ici dĂ©faut, et Georges Lubin nâa reconstituĂ© quâavec peine une chronologie resserrĂ©e sur treize jours 15-28 novembre 1834. Il ne sâagit donc pas dâune lettre-journal du type de celles, dĂ»ment datĂ©es, Ă©crites Ă AurĂ©lien de SĂšze en 182532. Journal-lettre conviendrait mieux aux dĂ©tails observables, et journal adressĂ© mieux encore, surtout au vu de certains morceaux. Peut-ĂȘtre est-ce dâailleurs Ă ce tout dernier mot quâil faut sâarrĂȘter. Sand ne tient pas de journal comme on tient registre, mais il lui faut exhaler certaines agitations »33 nullement journalier, tout juste Ă©pisodique le temps dâune crise, le journal de novembre 1834 regroupe vraisemblablement une partie des fragments » dont parlera le prĂ©ambule de lâautobiographie, citĂ© plus haut34. 35 OA., II, 962 Journal intime. 36 Ibid., 589 Sketches and Hints. 37 Ibid., 963 Journal intime câest moi qui, par lâitalique, souligne la similitude entre cette cit ... 38 Ibid., 751. 16Le matĂ©riau dit intime », largement habitĂ© et mĂȘme hantĂ© par lâautre Ă certains moments, circule dâautant mieux entre formes voisines que les trois supports lettre privĂ©e, Ă©pĂźtre et journal coexistent Ă lâĂ©poque dans un intervalle de temps assez court quelques exemples illustreront ces transferts. Le numĂ©ro IV, datĂ© de septembre 1834, peint lâauteur au bord de la tombe, ainsi que fait le journal de novembre sur un ton non moins solennel Lâheure de ma mort est en train de sonner »35. Mais sans doute y a-t-il lĂ chez Sand un ancien topos Ă©lĂ©giaque, Ă la mode de Charles Millevoye Le PoĂšte mourant, repĂ©rable dĂšs les premiers vers quâelle aligne au couvent36. Le transfert entre Ă©crits concomitants apparaĂźt de maniĂšre plus probante dans lâobsession amoureuse et le souvenir physique de Musset. Mon petit corps souple et chaud, vous ne vous Ă©tendrez plus sur moi, comme ĂlisĂ©e sur lâenfant mort, pour me ranimer »37, cette phrase du journal fait Ă©cho Ă la lettre IV Et pourquoi ce spectre livide est-il venu Ă©tendre sur moi ses membres lourds et glacĂ©s ? »38, mĂȘme image sous dâautres atours, moins sensuels ; le spectre dĂ©signe le dĂ©sespoir, mĂ©taphore qui dĂ©sincarne le corps Ă©tendu comme pour neutraliser son pouvoir dâattraction charnelle. On ne sait quand furent rĂ©digĂ©s les passages rassemblĂ©s au no IV sous la date de septembre 1834 ont-ils vĂ©ritablement prĂ©cĂ©dĂ© le fragment du journal de novembre ? Nâont-ils pas Ă©tĂ© remaniĂ©s en 1836 pour la publication ? Dans quelque sens chronologique quâopĂšre la réécriture, le terme convient pour caractĂ©riser un tel va-et-vient thĂ©matique et mĂ©taphorique. De ces Ă©chos intertextuels il ressort que lâĂ©pĂźtre façonne des matĂ©riaux communs Ă lâĂ©pistolier authentique et au diariste occasionnel ; lâĂ©criture intime circule entre supports voisins plutĂŽt quâentre des genres proprement dits. 17Toutefois les dispositifs restent distincts et ne se ramĂšnent pas Ă des Ă©quivalents interchangeables. La lettre a pour avantage dâattĂ©nuer le tropisme narcissique propre au journal. LâĂ©pĂźtre fait mieux encore sâil sâagit bien pour Sand, selon notre hypothĂšse, dâĂ©chapper au journal intime et dâobjectiver lâĂ©criture de soi. Objectiver lâĂ©criture de soi 39 Ibid., 962-966. 40 Ibid., 966-967. 41 Ibid., 958-962. Exemples analogues ibid., 954 et 967-968. 18Le propos largement dialoguĂ© du journal de novembre 1834 a de quoi intriguer qui voudrait identifier des catĂ©gories tranchĂ©es. Certains fragments ressemblent Ă une entrĂ©e de journal39, certains Ă un morceau de lettre40, dâautres combinent les deux postures Ă©nonciatives. SâĂ©crivent lĂ des pensĂ©es orientĂ©es, aimantĂ©es par lâinterlocuteur possible â mais le dialogue ne communique pas, et lâobsession tourne en rond dans le soliloque. Le fragment Tu ne mâaimes plus, tu ne mâaimes plus » rĂ©vĂšle quâun billet » fut envoyĂ©, auquel Musset nâa pas voulu rĂ©pondre » le journal recueille donc une part du dialogue Ă©pistolaire refusĂ©. Ce cadre explicatif une fois posĂ©, la lecture continue nĂ©anmoins de buter sur le caractĂšre instable de lâĂ©nonciation dialogique. Lâallocutaire change frĂ©quemment, le discours saute de lâun vers lâautre et sâĂ©parpille en des directions multiples. Le fragment du 19 novembre offre un Ă©chantillon frappant de cette dĂ©marche erratique lâentame Ă©voque Buloz Ă la troisiĂšme personne, la suite interpelle tantĂŽt Buloz et tantĂŽt Musset, apostrophant ce dernier tour Ă tour par tu » et par vous », le dĂ©signant parfois dâun il » narratif41. Les Lettres dâun voyageur forment ici contraste, car elles stabilisent lâinterlocuteur intime que le journal appelle sans le fixer. En polarisant le discours vers un ĂȘtre bien dĂ©fini, la lettre authentique ou retravaillĂ©e en Ă©pĂźtre, la diffĂ©rence nâimporte guĂšre ici canalise le tourbillon Ă©motif, rĂ©gule le flux mental et permet le ressaisissement dâun sujet Ă©clatĂ© dans la souffrance. Lâadresse amicale met une sourdine au tumulte que rĂ©percute le journal, Ă ce brouhaha intĂ©rieur qui chez Sand contredit le monologisme couramment attribuĂ© au genre. Le journal nâoffre Ă lâaliĂ©nation passionnelle quâun exutoire, non une thĂ©rapie la reconquĂȘte de soi ne saurait advenir pour Sand dans lâĂ©criture autocentrĂ©e. 42 Ibid., 960. 43 Ibid., 1457 variante 760 a. 19En interposant les amis devant lâimage obsĂ©dante de lâaimĂ©, trop prĂ©cise et incontrĂŽlable, lâĂ©pĂźtre offre donc une alternative salutaire Ă la monodie plaintive et dĂ©bilitante du diariste. Lâentretien avec NĂ©raud ou Rollinat dĂ©tourne du tĂȘte-Ă -tĂȘte avec lâamant qui occupe la solitude dangereuse »42. La posture dialogale aide Ă dĂ©placer les affects, Ă les remodeler pour mieux les maĂźtriser. Tandis que la passion sâĂ©prouve dans le journal comme passivitĂ© souffrante, lâamitiĂ© confiĂ©e aux lettres aide Ă rĂ©investir une position active. Tout artifice est bon pour subvertir le face-Ă -face spĂ©culaire du diariste. Lâauteur de la cinquiĂšme Ă©pĂźtre, jouant devant les siens au vieil oncle, leur adresse une harangue mi-sentencieuse mes chers enfants », mi-facĂ©tieuse ĂŽ mioches ! » dont le ton va et vient entre hauteur solennelle et familiaritĂ© bonhomme. LâenchĂąssement des discours lâoncle parle de lui tantĂŽt Ă la premiĂšre, tantĂŽt Ă la troisiĂšme personne, les figures et autres tournures rhĂ©toriques accumulĂ©es sur cette page mĂ©taphores, anaphores, prĂ©tĂ©rition, prosopopĂ©e mettent le propos Ă distance43. Le sujet Ă©crivant se dĂ©place ici vers une fable qui transpose le sentiment exacerbĂ© dans un registre ludique, mais qui sonne tout de mĂȘme un peu faux sous lâallure enjouĂ©e percent lâeffort et la pose. Sand supprima ce passage en 1837, jugeant sans doute que tant dâapprĂȘts contrariaient lâimpression dâimmĂ©diatetĂ©, de spontanĂ©itĂ© attendue dâune lettre. 44 Ibid., 298 extrait dâHistoire de ma vie V, 7. 45 OA., II, 1448 variante 735 b. On pense Ă lâExegi monumentum dâHorace Odes, III. 20Il est clair pourtant quâil nây a plus de vraie lettre » dĂšs lors que des manipulations textuelles accompagnent publication et rééditions. Or la mutation de la lettre en Ă©pĂźtre reste le point aveugle des commentaires fournis par Sand ultĂ©rieurement Je sentais beaucoup de choses Ă dire, et je voulais les dire Ă moi et aux autres »44 â comme si dire » ces choses » et les divulguer revenait au mĂȘme. Publier permet en rĂ©alitĂ© dâobjectiver plus encore lâĂ©criture intime. Deux complĂ©ments donnĂ©s en 1837 au numĂ©ro V vont dans ce sens en authentifiant la lettre janvier 1835 » ordonne sa rĂ©daction Ă la temporalitĂ© externe du calendrier, Ă François Rollinat » livre lâidentitĂ© civile du destinataire. Mais que ce nom renvoie Ă un rĂ©fĂ©rent rĂ©el, jusquâalors masquĂ© sous le pseudonyme Paul », nâest pas lâessentiel. Le nom vaut surtout brevet de littĂ©raritĂ©, il rapporte le texte Ă la catĂ©gorie des Ă©pĂźtres François sâinscrit dans la cohorte des amis cĂ©lĂšbres Auguste, MĂ©cĂšne ou moins illustres Lucilius, Lollius, Julius Florus etc. quâHorace honora de ses missives versifiĂ©es. Passer de la revue au livre, support moins Ă©phĂ©mĂšre, concourt au mĂȘme effet qui est dâassurer Ă lâĂ©crit privĂ© une audience Ă©tendue et durable, non tant pour le plaisir dâexhiber lâintime que pour neutraliser le poison quâil recĂšle. Ăriger la lettre en monument »45, en mĂ©morial ouvert Ă tous, permet au scripteur de se dessaisir dâun trop plein de particulier. 46 Ibid., 1460-1461 variantes 775 a, 776 a. 47 La variante 771 b remplace Paul » par vieux », qui dans le contexte Ă©quivaut presque Ă ami » ... 21Lâexamen des appellatifs fournit des indices concordants. Leur emploi atteste la mĂȘme stratĂ©gie, qui met le discours personnel Ă distance. Logiquement, le Paul » opaque de la premiĂšre version sâefface Ă prĂ©sent derriĂšre François » Rollinat dans les apostrophes Ă©maillant le texte46, mais plusieurs retouches prĂ©fĂšrent tout de mĂȘme interpeller lâami la variante 772 b remplace En vĂ©ritĂ©, Paul » par En vĂ©ritĂ©, ami », la variante 776 b substitue Mais toi, ami » Ă Mais toi, Paul »47. LâĂ©pĂźtre veut en effet un mixte de particulier et de gĂ©nĂ©ral tout en individualisant le destinataire, elle gĂ©nĂ©ralise suffisamment son propos pour lâarracher Ă la personnalitĂ© exclusive, de sorte que lâĂ©change amical puisse valoir pour tout lecteur au grĂ© de ses propres attentes tĂ©moignage, soulagement, soutien. On relĂšve de surcroĂźt lâapostrophe Pylade » cette marque de connivence semble rĂ©servĂ©e Ă lâintĂ©ressĂ©, mais elle invite aussi le lecteur quelconque Ă entrer de plain-pied dans lâĂ©change, car la rĂ©fĂ©rence culturelle Euripide, Racine accroche la relation Sand-Rollinat Ă un exemple illustre, parangon prestigieux dâamitiĂ© parfaite, modĂšle ayant traversĂ© le temps. Alterner de la sorte François », ami » et Pylade » permet bien sĂ»r dâĂ©viter les rĂ©pĂ©titions mais aussi de conforter lâappartenance des Lettres du Voyageur au genre Ă©quivoque message publiĂ© ou dĂ©claration publique ? de lâĂ©pĂźtre. Cet apparentement mĂ©nage une place au nouveau recueil dans un champ littĂ©raire oĂč le branle-bas romantique nâa pas balayĂ©, loin sâen faut, les rĂ©fĂ©rences classiques. Inscrire ses propres missives dans une tradition vĂ©nĂ©rable mĂ©rite bien lâeffort de ces bricolages textuels⊠48 J. Rousset, Le Lecteur intime de Balzac au journal, Paris, JosĂ© Corti, 1986, p. 142. 49 G. Sand, Histoire de ma vie, OA., II, 298 [âŠ] jâen Ă©tais si vivement prĂ©occupĂ©e, que jâavais be ... 22Que conclure de lâĂ©quation Ă quatre termes lettre, Ă©pĂźtre, autobiographie, journal qui vient de nous arrĂȘter ? Les Lettres dâun voyageur ne cĂŽtoient peut-ĂȘtre la forme du journal que pour mieux esquiver la pratique dâun journal vĂ©ritable. LâĂ©criture adressĂ©e, et de plus divulguĂ©e, permet de dĂ©ployer lâintime tout en le dramatisant sous le regard dâautrui Ă une Ă©poque oĂč il nâest pas dâusage de publier son journal intime48, ce biais permet Ă Sand de ne pas Ă©crire de soi rien que pour soi. Lâargument du voyage je vous Ă©cris dâailleurs donne certes une lĂ©gitimitĂ© littĂ©raire aux confidences, mais lâalibi permet aussi de se dĂ©rober Ă lâassignation identitaire je ne suis pas toute oĂč lâon me croit, comme quoi le voyageur Ă©tait moi, et comme quoi il nâĂ©tait pas moi ». En effet, quoi quâaffirme aprĂšs coup Histoire de ma vie, la quĂȘte de son identitĂ©, lâexploration de son individualitĂ© » en train de se faire »49 nâest peut-ĂȘtre pas le principal objet de ces textes oĂč lâauteur se fuit autant quâelle se cherche. Il lui faut se sauver, au double sens du terme. DĂšs lors, rendre compte des dispositions successives de mon esprit », ce plan » prĂ©conçu ou reconstruit aprĂšs coup ? tourne court, lâĂ©criture autocentrĂ©e prend des directions centrifuges, et le recueil se disperse mais qui le regrettera ? Notes 1 Publiques au lieu de publiĂ©es pour celles IV, V, VI, IX qui ne sont pas simplement des lettres confidentielles mises Ă la disposition des tiers Sand a rĂ©organisĂ© le matĂ©riau originel. 2 Ă la diffĂ©rence des trois premiĂšres lettres, que Sand destine dâemblĂ©e Ă la Revue des Deux Mondes bien quâelle les fasse transiter par Musset, les numĂ©ros IV, V, VI Ă©manent dâenvois privĂ©s que lâauteur rĂ©affecte aprĂšs coup Ă une publication littĂ©raire. 3 B. Diaz, LâĂpistolaire ou la PensĂ©e nomade, Paris, 2002, PUF Ăcriture. 4 Ibid., p. 90. 5 Ibid., p. 158. 6 Voir notre Ă©tude des diverses fonctions rhĂ©toriques, pragmatiques, psychologiques du destinataire amical Lâami dans les Lettres IV, V, VI, IX », communication faite au colloque Les Lettres dâun Voyageur de George Sand un traitĂ© de poĂ©tique romantique », UniversitĂ© Stendhal-Grenoble III, juin 2004, Ă paraĂźtre dans la revue Recherches & travaux. 7 G. Sand 1970-1971, Ćuvres autobiographiques [dĂ©sormais abrĂ©gĂ© en OA., suivi du numĂ©ro de tome en chiffres romains et du numĂ©ro de page en chiffres arabes], G. Lubin Ă©d., Paris, Gallimard La PlĂ©iade, 1970-1971, 2 vol., t. I, p. 7. 8 Ibid., II, 298-300. Les dates indiquĂ©es par cet extrait sont exactement celles inscrites en tĂȘte des Lettres dâun Voyageur IV et V. 9 Le 5 dĂ©cembre 1834, Sand cĂšde Ă Buloz la propriĂ©tĂ© de ses Ćuvres posthumes qui se composeront de 4 ou 5 volumes de mĂ©moires ». Voir G. Sand, Correspondance [dĂ©sormais abrĂ©gĂ© en C., suivi du numĂ©ro de tome en chiffres romains et du numĂ©ro de page en chiffres arabes], G. Lubin Ă©d., Paris, Garnier, 1964-1991. 10 Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique, Paris, Seuil PoĂ©tique, 1975, p. 14. 11 OA., II, 739-740. 12 Ibid., 752. V. Alfieri, La Vie de Victor Alfieri Ă©crite par lui-mĂȘme et traduite de lâitalien par M*** 1809, Paris, Nicolle, 2 vol. 13 C., II, 591. 14 Voir lâĂ©tude signalĂ©e en note 6. 15 M. Blanchot, Le Livre Ă venir, Paris, Gallimard Folio-Essai, 1975, p. 254. 16 OA., II, 793. 17 Ibid., 741. 18 Ibid., 751. 19 Ibid., 669. 20 Ibid., 673-674. 21 Ibid., 874-879. 22 Ibid., 1448 ce paragraphe de la Revue des Deux Mondes disparaĂźtra dĂšs lâĂ©dition Bonnaire 1837. Notre Ă©tude de ces variantes repose sur lâĂ©dition de G. Lubin OA., II dont elle adopte la numĂ©rotation. 23 B. Diaz, LâĂpistolaire ou la PensĂ©e nomade, p. 75 et 90. 24 Voir la lettre du 14 dĂ©cembre 1853 Ă Ăliza Tourangin, C., XII, 196. 25 OA., II, 740. Les lettres IV, V, IX comme VI et X se prĂ©sentent doublement fragmentĂ©es les sections dĂ©limitĂ©es par lâunitĂ© de destinataire Rollinat et NĂ©raud pouvant alterner se subdivisent en segments selon les jours, les heures ou les lieux. 26 Ibid., 752. 27 Imitation approximative du protocole Ă©pistolaire. 28 OA., II, 1447-1448 variante 735 b. Lâitalique est de Sand. 29 Ibid., 1454-1 456 variante 757 a. 30 Pour le dĂ©tail des copies lâautographe ayant disparu et des interprĂ©tations, voir lâIntroduction de Georges Lubin au Journal intime, OA., II, 947-951. 31 Voir Diaz qui rĂ©capitule la discussion dans Sand et Musset Le Roman de Venise, Diaz Ă©d., Arles, Actes Sud Babel, 1999, p. 539-540 et 545-546. 32 C., I, 175-261 lettres Ă©chelonnĂ©es du 11 octobre au 14 novembre 1825. 33 OA., I, 8. 34 Voir note 7. 35 OA., II, 962 Journal intime. 36 Ibid., 589 Sketches and Hints. 37 Ibid., 963 Journal intime câest moi qui, par lâitalique, souligne la similitude entre cette citation et la suivante. 38 Ibid., 751. 39 Ibid., 962-966. 40 Ibid., 966-967. 41 Ibid., 958-962. Exemples analogues ibid., 954 et 967-968. 42 Ibid., 960. 43 Ibid., 1457 variante 760 a. 44 Ibid., 298 extrait dâHistoire de ma vie V, 7. 45 OA., II, 1448 variante 735 b. On pense Ă lâExegi monumentum dâHorace Odes, III. 46 Ibid., 1460-1461 variantes 775 a, 776 a. 47 La variante 771 b remplace Paul » par vieux », qui dans le contexte Ă©quivaut presque Ă ami » voir lâĂ©tude signalĂ©e en note 6. 48 J. Rousset, Le Lecteur intime de Balzac au journal, Paris, JosĂ© Corti, 1986, p. 142. 49 G. Sand, Histoire de ma vie, OA., II, 298 [âŠ] jâen Ă©tais si vivement prĂ©occupĂ©e, que jâavais besoin de lâexaminer et de la tourmenter, pour ainsi dire, comme un mĂ©tal en fusion jetĂ© par moi dans un moule ». Auteur ISO690: FR: Copier Melchior-Bonnet Sabine, « Alfred de Musset et George Sand. Ouvrir la voie Ă dâautres femmes », dans : , Les revers de l'amour.Une histoire de la rupture, sous la direction de Melchior-Bonnet Sabine. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Hors collection », 2019, p. 347-362. George Sand Ă©tait le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, Ă©crivain français nĂ©e Ă Paris le 1er juillet 1804 et morte Ă Nohant le 8 juin 1876. Elle s'adonnait Ă tous les genres littĂ©raires depuis les romans et les nouvelles jusqu'aux critiques et aux textes politiques, en passant par les piĂšces de théùtre. ParallĂšlement à ça, George Sand se passionnait pour la peinture et s'impliquait beaucoup dans la vie politique, notamment lors du gouvernement provisoire de 1848. On a longtemps attribuĂ© Ă George Sand la lettre qui suit, destinĂ©e Ă Alfred de Musset autre grand Ă©crivain français. Cependant, il s'est rapidement avĂ©rĂ© qu'il s'agissait d'un canular qui remonte au dernier quart du XIXesiĂšcle Source Les Amis de George Sand. Cela dit, les textes en eux-mĂȘmes n'en restent pas moins de qualitĂ© et mĂ©ritent tout de mĂȘme le coup d'oeil. De Sand Ă Musset Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que j'ai bien compris l'autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir ainsi vous dĂ©voiler, sans artifice, mon Ăąme toute nue, daignez me faire visite, nous causerons et en amis franchement je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir l'affection la plus profonde, comme la plus Ă©troite amitiĂ©, en un mot la meilleure Ă©pouse dont vous puissiez rĂȘver. Puisque votre> Ăąme est libre, pensez que l'abandon ou je vis est bien long, bien dur et souvent bien> insupportable. Mon chagrin est trop gros. Accourrez bien vite et venez me le faire oublier. Ă vous je veux me sou- mettre entiĂšrement. Votre poupĂ©e Vous l'aurez compris, l'astuce consiste Ă lire une ligne sur deux. Notez l'Ă©lĂ©gance manifeste du texte lorsqu'on le lit normalement un canular, oui, mais un canular de qualitĂ© ! De Musset Ă Sand Quand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments d'un coeur Que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. Je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. Cette fois encore, texte trĂšs joli en lui-mĂȘme. Pour dĂ©couvrir le message cachĂ©, il faut cette fois lire le premier mot seulement de chaque ligne. Ce procĂ©dĂ© rĂ©pond au nom d'acrostiche. Les vraies lettres Il semblerait que la correspondance entre George Sand et Alfred Musset ait rĂ©ellement comportĂ© des messages cachĂ©s ! Certes moins spectaculaires, ils n'en valent pas moins le dĂ©tour. Voici donc deux de leurs acrostiches. De Musset Ă Sand Quand je jure Ă vos pieds un Ă©ternel hommage Voulez-vous qu'inconscient je change de langage Vous avez su captiver les sentiments d'un coeur Que pour adorer forma le CrĂ©ateur. Je vous aime et ma plume en dĂ©lire. Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin, de mes lignes, lisez les premiers mots Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. De Sand Ă Musset Cette indigne faveur que votre esprit rĂ©clame Nuit Ă mes sentiments et rĂ©pugne Ă mon Ăąme >